Matin du 42e jour : La « Bolan Pass »

Histoire de changer un peu du bus, j’opte pour le train. J’avoue que je n’avais pas le coeur a faire pres de 18h de trajet en classe « economy », dans des conditions de boite a sardines. La premiere classe, c’est le double du prix, certes, mais seulement 3 euros de plus…

Sortie de Quetta : les gamins courent apres le train en lancant des sourires ou des pierres, c’est selon. Puis la vue surrealiste de centaines de hautes cheminees fumantes : ce sont les briquetteries de Quetta.

Pour rallier l’interieur du pays, il faut passer par la « Bolan Pass », route commerciale historique entre Kaboul et Karachi, route de la soie bien sur, route d’invasions multiples…

Sur plus de 80km, la Bolan Pass fera partie des paysages que je n’oublierai jamais : nature plus que sauvage, immenses oueds asseches, tunnels construits par les anglais a la sueur de fronts pakistanais… La voie ferree suit longtemps une route escarpee ou les camions et bus ont souvent du mal a se croiser.

Les quelques villages ont ce denuement qui force le respect : maisons en terre, quelques cailloux en guise de sepulture, galettes de bouse sechant au soleil pour servir de combustible : pas de bois par ici ! Pas d’ombre donc… Sauf a l’entree des tunnels, ou on installe des lits.

Puis changement de decor… Des la sortie de la passe, le sol se craquelle comme des feuilles mortes, la temperature grimpe d’un coup… Ah, encore un desert ! Je ne l’avais vu celui-la, ecrit en tout petit sur ma carte… Petit mais redoutable : la ville de Sibi est consideree par les locaux comme l’avant-poste de l’enfer ! Le compartiment devient four, je fonds litteralement… A chaque arret, on tire l’eau du puits pour doucher les enfants. Sur la route qui longe la voie, une voiture de police escorte le train renforcant l’impression d’etre dans un western, dans une diligence qu’il faut proteger des desperados…

1 commentaire sur “Matin du 42e jour : La « Bolan Pass »

  1. Salut vieux foil! Je voulais te faire mes compliments pour ce bel ouvrage. Pour avoir bourlinguer un peu, je me demande comment tu fais pour être aussi appliqué alors que la vie remue à ce point… Pour le reste, en exégète amateur de ce bon vieux Bouvier, je te dirai juste: "L’Asie invite à sacrifier sa carrière pour son destin". Je te souhaite encore bien des réjouissances pour la suite l’errance et de cette expérience unique.

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